CRAY - Au(x) fil(s) de l’histoire


23.12.2022

Exposition temporaire: Seymour Cray, le Superman des superordinateurs

Par Anne-Sylvie Weinmann, avocate et data scientist.


Mais qui est cette femme à l’œuvre, affairée dans une inconfortable posture entre un Cray 1S/2300 et un Cray X-MP/48, imposantes machines parées de leurs atours rénovés à l’occasion de la nouvelle exposition temporaire «Seymour Cray, le Superman des superordinateurs» du Musée Bolo: Musée suisse de l’informatique, de la culture numérique et du jeu vidéo, et gardées par le génial (et original!) Seymour Cray en personne?

La liste des références mentionnées dans cet article inspiré par cette collaboratrice de Cray Research Inc. à Chippewa Falls, Wisconsin, sont disponibles à la fin de ces lignes, avec quelques ressources complémentaires pour aller plus loin si vous le souhaitez.

Seymour Cray, le Superman des superordinateurs
Seymour Cray, le Superman des superordinateurs

«We all did pretty good!»

Une certaine Grace Hopper (1906-1992), immense pionnière de la programmation, était convaincue que les programmes pouvaient être «écrits en anglais». Elle a affiné des langages de programmation pour les rendre accessibles aux non-scientifiques, aux commerciaux, aux entreprises. Le langage COBOL (COmmon Business Oriented Language, 1959) ainsi que le premier compilateur (A-0 System, 1951) – traducteur du langage de programmation utilisé par un humain (code source) en langage machine seul intelligible par le processeur, des 0 et des 1 – figurent sur la longue liste de ses contributions. A l’automne 1972, lors de la National Computer Conference, la contre-amiral retraitée de la Navy et instigatrice de la popularisation du terme bug pour décrire une erreur dans un programme informatique, fièrement vêtue de son habit militaire, sortit de son sac à main une puce Intel 4004, premier micro-processeur commercialisé (1971), et souffla à un autre pionnier de la programmation, Gary Kildall: «This is the future!» (Computer Connections, p. 45). Nul doute, elle tenait l’avenir dans le creux de sa main!

Dans le documentaire rétrospectif Cray Research – A Story of the Supercomputer, assis sur un Cray 1 (1976), John Rollwagen, ancien CEO de Cray Research Inc. à la suite d’un Seymour Cray, dont il dit qu’il fut aussi important pour l’informatique que Thomas Edison pour l’électricité, se souvient de l’époque où «avant l’arrivée des micro-processeurs et d’autres technologies microscopiques, les superordinateurs devaient être faits à la main». «Comme les Rolls-Royce!» compare Ben Segal, retraité du CERN, lors du vernissage de la nouvelle exposition temporaire du Musée Bolo le 15 décembre dernier. Ben Segal a travaillé sur le Cray X-MP/48, arrivé en terres genevoises en 1988, et désormais installé au Musée Bolo. Cet autre pionnier de l’informatique a également «permis le développement du Web en coordonnant l’adoption de TCP/IP au sein de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) de 1984 à fin 1988, date à laquelle le CERN a modifié sa politique Internet», lit-on sur la page Internet Hall of Fame qui lui est dédiée. Une tâche ardue, la résistance était forte, explique ému lors de son intronisation en 2014 au Panthéon d’Internet le mentor de Tim Berners-Lee, inventeur du Web, la Toile, issue du mariage d’Internet et de l’hypertexte. Il y a 32 ans quasiment jour pour jour: «Tim Berners-Lee et Robert Cailliau ont établi une connexion avec le premier serveur Web installé sur un NeXT Cube, au CERN, le 25 décembre 1990. Ce cadeau de Noël allait démultiplier et dématérialiser l’informatique à l’échelon planétaire» (Disparition programmée, p. 108).

Des superordinateurs faits à la main. Des femmes jouèrent un rôle essentiel, et méconnu, dans l’épopée des superordinateurs Cray: les tricoteuses, à l’exemple de cette employée de Cray Research Inc., inconnue immortalisée par le photographe Lee Friedlander, que même votre joyeuse arrivée à l’exposition provisoire «Seymour Cray, le Superman des superordinateurs», ne saura distraire de son intense concentration. Elles accomplissaient tout le travail de précision: la coupe, le montage, la connexion de milliers de fils. Les soudures. Travail entièrement réalisé à la main, avec un crochet. Un écheveau dense et compliqué composé de milliers et de milliers de fils bleus et blancs. «En quelque sorte, ces dames (ladies) tricotaient les machines. (…) Il y avait des milliers et des milliers de connexions individuelles et elles devaient les établir à la main» explique John Rollwagen.

Intérieur du Cray 1S lors de son déménagement au Musée Bolo | ©Musée Bolo
Intérieur du Cray 1S lors de son déménagement au Musée Bolo | ©Musée Bolo

«Du moins au début, le processus d’assemblage d’un Cray 1 demandait six mois de travail. Trois mois pour l’assemblage, trois mois supplémentaires pour corriger les erreurs, qu’il était extrêmement difficile de déceler et supprimer. Mais ces dames étaient si douées qu’elles parvinrent à fabriquer en trois mois des machines dépourvues de toute erreur. Pas une seule erreur! Dès que la machine était branchée, elle fonctionnait!» souligne admiratif John Rollwagen dans Cray Research – A Story of the Supercomputer (13:00 à 17:15), où l’on découvre le témoignage et le visage de quelques-unes de ces femmes remarquablement habiles, qui s’étaient dans un premier temps demandé comment elles allaient venir à bout de la tâche herculéenne qui leur incombait. Le châssis du Cray, des fils bleus et blancs à n’en plus finir, un livre de connexions, un crochet, des soudures. Quelques habitudes prises plus tard – les fils courts d’abord, les plus longs ensuite – elles excellent, la cadence s’accélère, «peut-être cinq cents fils mis en place par jour» estime l’une d’entre elles. Elles faufilent avec dextérité leurs doigts désormais expérimentés dans cet amas bicolore qui s’épaissit et se densifie rapidement, et y glissent leur crochet, à la lumière d’une lampe de poche. Quel challenge! «We all did pretty good!» conclut Shirley Gormley. Bravo Mesdames!

Intérieur du Cray 2 présenté au Musée Bolo | ©Musée Bolo
Intérieur du Cray 2 présenté au Musée Bolo | ©Musée Bolo

L’admirable travail des tricoteuses de Cray Research Inc est également à découvrir dans ce magnifique ouvrage du photographe américain Lee Friedlander, publié en 1987 à l’occasion du quinzième anniversaire de l’entreprise. Avec un petit clin d’œil à nos pionniers helvétiques de la galerie de portraits du Musée Bolo. Looking for a mouse? Cliquez sur le lien ci-dessous, à l’aide de la flèche droite rendez vous à la photo 6. On y aperçoit la souris hémisphérique aux côtés d’un terminal Blit d’AT&T pour concevoir…des Cray! Quel chemin parcouru depuis le laboratoire du professeur Jean-Daniel Nicoud à l’EPFL – où elle fut initialement conçue en 1980 par André Guignard – jusqu’au Wisconsin! De retour à la maison, elle vous attend à l’exposition.

Ouvrez le livre, en un clic!

Le travail des « tricoteuses» de Cray Research à Chippewa Falls est à découvrir dans ce magnifique ouvrage du photographe américain Lee Friedlander, publié en 1987 à l’occasion du quinzième anniversaire de l’entreprise.

«La femme et la machine portaient le même nom»

En vue de la journée des droits des femmes, le 8 mars, j’ai eu la chance d’interviewer Marielle Stamm. Son portrait en deux parties, Des Mots pour le dire, est disponible sur le site du Musée Bolo. Rien, si ce n’est son goût des mots, ne laissait présager que la jeune fille née à Marseille qui se rêvait pianiste deviendrait une pionnière du journalisme informatique en Suisse romande. Formidable vulgarisatrice de ce monde qui lui échappait encore, l’informatique entra dans sa vie par le hasard d’une rencontre amoureuse. Grand spécialiste des IBM 360, les three-sixty mis sur le marché en 1964, le premier mari de Marielle Stamm voyageait beaucoup, et sa famille grandissante l’accompagnait. Au début des années 1960, destination Poughkeepsie, dans l’État de New York. IBM, trois lettres familières, acronyme de International Business Machines Corporation. D’abord logées dans une ancienne usine de cornichons, les activités de «Big Blue» débutent à Poughkeepsie en 1941, et évoluent au gré des besoins, de la guerre, de la paix, des inventions. De cette ville qui les accueille pour la seconde fois, et qui a évolué, Marielle Stamm raconte: «Poughkeepsie c’était le cœur d’IBM dans les années 60. A l’époque s’y trouvait la plus grande entreprise, non pas de micro-processeurs, ça n’existait pas encore, puisque le premier micro-processeur commercialisé sera l’Intel 4004 en 1971, mais de semi-conducteurs. L’usine était peuplée de femmes qui connectaient ces semi-conducteurs sur des plaquettes de silicium, avec des fers à souder. Par la suite, ce furent encore des femmes qui faisaient des petits trous dans les cartes perforées. On les appelait les perforatrices. La femme et la machine portaient le même nom» explique la future pionnière du journalisme informatique, dont le captivant Disparition programmée – le livre de l’exposition visible au Musée Bolo, co-écrit avec Yves Bolognini, fondateur du Musée Bolo – nous informe que la carte perforée, «inspirée des métiers à tisser Jacquard» – encore une histoire de fil! – «a été la première mémoire de stockage, dite mémoire de masse. La carte brevetée par IBM en 1926 comportait 80 colonnes et 12 lignes. Mises bout à bout, les cartes perforées nécessaires pour stocker l’équivalent d’un téraoctet, taille courante d’un disque dur d’aujourd’hui (2013), constitueraient un ruban qui ferait 64 fois le tour de la terre!» (p. 64). La miniaturisation et les progrès réalisés dans les mémoires ont du bon!

Les tricoteuses, les perforatrices. Dans cet hommage, n’oublions pas les computers! Un terme qui a d’abord désigné les femmes qui effectuaient des tâches mathématiques complexes et répétitives avant l’arrivée des machines éponymes qui les remplaceront. Katherine Johnson et ses extraordinaires calculs qui ont permis à Neil Armstrong et Buzz Aldrin de fouler le sol lunaire, et d’en revenir (!), est sans doute la plus connue des computers. Le film Les figures de l’ombre a révélé l’histoire, les conquêtes, et les batailles, de cette pionnière et de ses collègues Dorothy Vaughan et Mary Jackson, nées dans un sud des Etats-Unis où la ségrégation raciale faisait loi. Dorothy Vaughan, spécialiste du langage de programmation Fortran, avait pressenti le remplacement des femmes-computers par des machines-computers dès le début des années soixante. Mary Jackson, deviendra la première femme afro-américaine ingénieure à la NASA, dont le siège à Washington DC porte le nom. Trois amies mathématiciennes, comme les six programmeuses de l’ENIAC qui elles aussi avaient débuté leur carrière comme computers: «We computed, we were computers» dira Marilyn Wescoff Meltzer dans le passionnant, et poignant documentaire The Computers consacré en 2016, septante ans après leur exploit, à ces autres femmes de l’ombre.

Affiche du documentaire The Computers
Affiche du documentaire The Computers

Betty Snyder Holberton, Jean Jennings Barik, Kay McNulty Mauchly Antonelli, Marlyn Wescoff Meltzer, Ruth Lichterman Teitelbaum et Frances Bilas Spence réalisent intégralement la programmation de l’ENIAC, ordinateur mammouth, «premier ordinateur à grande échelle à fonctionner à la vitesse de l’électronique sans être ralenti par aucune pièce mécanique» nous renseigne tout en nuances le site du Computer History Museum de Mountain View, en Califormie, car la question de savoir à qui revient la palme du premier ordinateur électronique est subtile, et discutée. Les six programmeuses partent de rien, et pour corser le défi, au début, l’accès à la bête leur est bloqué. Secret défense! Elles programmaient à l’aveugle, fait ubuesque que nous révèle The Computers: «Elles ont dû programmer la machine qu’elles n’étaient même pas autorisées à voir. Les femmes n’avaient pas l’habilitation de sécurité pour voir la machine. A la place, on leur remettait des schémas de câblage». Elles imaginent, conçoivent, décortiquent les différentes étapes du calcul, testent, échouent, recommencent, persévèrent, câblent. Des fils et des câbles, toujours et encore. Et finalement, les calculs attendus sont livrés. Le mastodonte enfant de la guerre, présenté au public en février 1946 et que la presse surnommera « The Giant Brain » fonctionne. Elles lui ont donné vie. Une première historique! Mais nul honneur pour elles, elles ne sont pas conviées aux festivités. «Ils ont organisé un dîner mais nous n’étions pas invités!», ces mots de Kay McNulty Mauchly Antonelli concentrent à eux seuls moultes brimades de l’histoire des femmes. Ces jeunes femmes demeurées invisibles, inconnues du grand public pendant trop longtemps avaient pourtant accompli ce que nul autre n’avait fait auparavant: programmer un ordinateur électronique. Des centaines de câbles, des milliers de relais (switches). Des décennies plus tard, hommages seront rendus aux six programmeuses de l’ENIAC pour cet extraordinaire accomplissement. Enfin elles trouvent leur juste place dans l’Histoire!

Quand la machine raconte des histoires, on en perd le fil ?

Depuis quelques semaines, l’agent conversationnel ChatGPT de la société OpenAI stupéfie la planète par ses capacités rédactionnelles inédites pour un système d’intelligence artificielle (IA). Une percée décortiquée et questionnée en détails par Johannes C. Scholthes, professeur de Text-mining à l’Université de Maastricht, dans un article accessible sur LinkedIn, et dont vous trouverez la référence ci-dessous.

ChatGPT, un chatbot bluffant, accessibles à toutes et tous depuis le 30 novembre, avec ses capacités immenses, ses limites, ses erreurs (grossières parfois), qui a déjà fait couler beaucoup d’encre entre engouement et effroi.

Entraîné sur des textes écrits jusqu’à fin 2021, ChatGPT ne saurait vous conseiller quelques nouveautés littéraires, ou récents polars glaçants, à glisser sous le sapin de Noël.

Promenez-vous sur la Toile et vous verrez une multitude de textes proposés par ChatGPT en réponse à une question posée, plus ou moins complexe, en différentes langues: «Quels sont les meilleurs moyens pour les entreprises de se protéger contre les cyberattaques actuelles?» dans ICTJournal, «Peux-tu écrire un SMS pour décliner avec tact un repas de Noël?» sur RTS Info, «Es-tu meilleur que Google?» dans Le Temps, et la passionnante opération menée par Heidi.news afin de répondre à la question: «ChatGPT peut-il écrire sur le climat à ma place?». De la poésie, des paroles de chansons, des dissertations, des exposés, des discours et même du code informatique. L’éventail des possibles semble infini. Je vous laisse juge des réponses au cas par cas.

En janvier 2022, bien avant le tsunami créé par l’avènement de ChatGPT, je posais à Marielle Stamm, pianiste diplômée du conservatoire, journaliste, écrivaine (primée!), et organisatrice en 1973, à Paris, de l’exposition pionnière «Ordinateur et création artistique», la question qui me brûlait d’avoir son avis sur le rapport entre la machine, l’humain et l’art sous ses diverses expressions. Condensé ici à propos de la musique et de l’écrit, elle me répondait: «L’ordinateur ne pourra qu’imiter. On imite Bach, mais on n’est pas Bach. Il faudrait qu’aujourd’hui l’ordinateur crée un nouveau Bach qui ne s’appellerait pas Bach mais «Tartempion» et qui ferait de la musique céleste comme Bach ou qui ferait de la musique concrète comme Xenakis ou les deux à la fois. Seul l’humain a du génie. (…) L’ordinateur n’est qu’un outil et n’a toujours été qu’un outil. Quand on veut lui faire faire de la poésie et qu’on lui donne des algorithmes pour faire de la poésie, c’est ridicule! (…) Seul l’humain a du génie. L’ordinateur reste un instrument, un outil magnifique mais ce ne sera jamais qu’un outil. (…) Ecrire comme Proust? A quoi bon! Ce seront toujours des imitations». Cri du cœur de l’amoureuse des mots!

Lord Byron, partagerait-il le cri du cœur de Marielle Stamm? Poète romantique qui séjourna en terres genevoises en compagnie de Mary Shelley, toute jeune auteure de Frankenstein ou Le Prométhée moderne, première œuvre de science-fiction. Le monstre abandonné auquel j’avais consacré en 2018 quelques pages à l’occasion de son bicentenaire dans 200 ans et pas une ride renvoie aujourd’hui, dans le domaine de l’IA en particulier, à la responsabilité de tout créateur. Écriture par ordinateur, les mots comme matière première, Alan Turing, pionnier de l’IA, s’y était essayé. « Dès les années 50 déjà, le mathématicien Alan Turing et l’informaticien Christopher Strachey s’intéressaient à la littérature numérique et inventaient un générateur automatique de lettres d’amour. Une machine, devenue auteur en piochant des mots contenus dans sa base de données, elle produisait des textes aléatoires » lit-on dans Le Temps sous la plume de Caroline Toussaint. Une machine-auteur, qu’en penserait le sulfureux Lord Byron? Poète et père d’Ada Lovelace (1815-1854), première programmeuse de l’histoire, qui inventa le sous-programme et la boucle récursive. Nourrie aux mathématiques dès son plus jeune âge, elle appréciait leur beauté et appliquait l’imagination à la science dans une «science poétique». Voyant toujours plus loin, en 1843 déjà, elle écrit dans une de ses désormais célèbres Notes que l’Analytical engine de Charles Babbage (1834), ancêtre théorique de nos ordinateurs modernes pourrait être une machine universelle, et musicienne: «(…) the engine might compose elaborate and scientific pieces of music of any degree of complexity or extent» (Note A). Géniale, elle voyait dans la machine analytique des possibilités qui allaient bien au-delà de l’idée limitée de son concepteur qui était de créer un calculateur programmable généraliste. Calculer, certes. Mais également lire des symboles non numériques, des notes par exemple. Dans ce qu’Alan Turing, père de l’informatique moderne, appellera un siècle plus tard L’objection de Lady Lovelace, on comprend que la visionnaire anglaise voit une machine musicienne mais non une compositrice: «The Analytical Engine has no pretensions whatever to originate anything. It can do whatever we know how to order it to perform» (Note G). Le débat est ouvert, mais Mesdames Stamm et Lovelace se rejoignent.

Et vous qu’en pensez-vous ?

Il y a plus de deux siècles déjà, en février 1812, dans une Angleterre bouleversée par la révolution industrielle, Lord Byron défendit devant la House of Lords, les luddites qui se déchaînaient contre l’apparition des métiers à tisser mécaniques; une menace pour les emplois liés au travail de la laine et du coton. Des fils, encore et toujours ! L’amour de sa fille Ada Lovelace pour les machines, assurément, ne venait pas de lui!

Une visite au musée Bolo, au fil de l’Histoire

Les Crays, F1 du calcul scientifique qui, en leur temps, décrochèrent la palme des ordinateurs les plus rapides au monde connurent également leurs heures de gloire artistique, hollywodienne mais helvétique aussi! Helvétique, absolument et musicale… Allez, c’est presque Noël, je vous donne un petit indice: le CERN… Je n’en dévoilerai pas plus. Je vous laisse le plaisir de découvrir de vos propres yeux (et oreilles, dans la borne interactive placée en face de la tricoteuse de Chippewa Falls, sous «vidéos») les trésors de cette nouvelle exposition temporaire «Seymour Cray, le Superman des superordinateurs», par laquelle le Musée Bolo vous offre l’occasion de côtoyer quelques-uns de ces géants au design unique, ancêtres de nos smartphones. Et si vous ne la connaissez pas encore, Disparition programmée, un bijou d’exposition sous forme d’enquête, vous permettra de prolonger votre immersion dans les sources de notre monde numérique.


Références et ressources pour aller plus loin

Anne-Sylvie Weinmann, Une nouvelle exposition temporaire à découvrir au Musée Bolo (1) – Supercomputers et énergie des étoiles – 16/12/2022

Marielle Stamm, Yves Bolognini, Disparition programmée. Le Musée Bolo mène l’enquête, Presse polytechniques et universitaires romandes, 2013 (le livre de l’exposition magnifiquement illustré et bilingue français – anglais est en vente auprès du musée Bolo)

Galerie de portraits de pionniers et pionnières de l’histoire de l’informatique en Suisse

Anne-Sylvie Weinmann, Une vie d’inventions. Jean-Daniel Nicoud, un des pères de la micro-informatique suisse – 23/04/2021

Anne-Sylvie Weinmann, Le microprocesseur Intel 4004, 50 ans déjà! – 10/05/2021

Anne-Sylvie Weinmann, Un virtuose de la micromécanique. André Guignard, l’horloger inventeur de la souris hémisphérique, maillon coloré de l’épopée humain-machine – 02/10/2021

Anne-Sylvie Weinmann, Des mots pour le dire. Marielle Stamm, une romancière pionnière du journalisme informatique, partie 1 (08/03/2022) et partie 2 (13/03/2022)

Références générales

Charles J. Murray, The Supermen. The story of Seymour Cray and the technical wizards behind the supercomputer, John Wiley & Sons Inc, 1997

Grace Murray Hopper, Vassar Encyclopedia – 2005/2013

Gary Kildall, Computer Connections, people, places, and events in the evolution of the personaé computer industry, 1993

Richard Cornell, Cray Research at Chippewa Falls – A Story of the Computer, 2014 (documentaire)

Lee Friedlander, Cray at Chippewa Falls, publié par Cray Research, Inc, Minneapolis, Minnesota, 1987 (Cantor Arts Center)

Lee Friedlander, Cray at Chippewa Falls, publié par Cray Research, Inc, Minneapolis, Minnesota, 1987

Ben Segal, Internet Hall of Fame page (including his acceptance speech), 2014

Ben Segal’s Home Page – 05/07/2022

La naissance du Web, CERN

Web Story, CERN

Chris Jones, L’informatique au CERN: l’ère des ordinateurs centraux, Courrier CERN. Les 50 ans du CERN – 09/2004

IBM Poughkeepsie… from munitions to mainframes!, 1995

Carole Trébor, Combien de pas jusqu’à la Lune ? Katherine Johnson, la femme qui permis aux hommes d’aller sur la Lune, Albin Michel Jeunesse, 2019

Les figures de l’ombre, 2017 (film)

Margot Lee Shetterly, Les figures de l’ombre, HarperCollins 2017 (livre)

Kathy Kleiman, The Computers: The Remarkable Story of the ENIAC Programmers, 2016 (documentaire)

ENIAC, Computer History Museum (Mountain View, CA, USA)

Leonard J. Shustek, Programming the Eniac: an example of why computer history is hard, CHM Blog – 18/05/2016

Emmanuel Lazard, Pierre Mounier-Kuhn, Histoire illustrée de l’informatique, 3e éd., EDP Sciences, 2022

Walter Isaacson, Les Innovateurs. Comment un groupe de génies, hackers et geeks a fait la révolution numérique, LGF/Le Livre de Poche, 2017

Website de OpenAI, ChatGPT: Optimizing Language Models for Dialogue, OpenAI – 30/11/2022

Johannes C. Scholtes, GPT-3 and ChatGPT: the Next Step in the Natural Language Processing (NLP) Revolution? Or is it not? , LinkedIn, 20/12/2022

Rodolphe Koller, ChatGPT: le modèle qui plaît à tout le monde a été conçu pour plaire à tout le monde, ICTjournal – 09/12/2022

ChatGPT : la nouvelle étape de l’intelligence artificielle, RTS Info Sciences-Tech – 11/12/2022

Anouch Seydtaghia, ChatGPT, l’intelligence artificielle utltra-efficace qui stupéfie la planète, Le Temps- 07/12/2022

Sarah Sermondadaz, ChatGPT peut-il écrire sur le climat à ma place?, Heidi.news – 20/12/2022

Mary Shelley, Frankenstein ou Le Prométhée moderne, Editions Gallimard, (1818) 2015

Anne-Sylvie Weinmann, Frankenstein ou Le Prométhée moderne – 200 ans et pas une ride – 30/08/2018

Caroline Toussaint, Quand les algorithmes se prennent pour des poètes, Le Temps – 16/03/2017

Catherine Dufour, Ada ou la beauté des nombres. La pionnière de l’informatique, Fayard, 2019

Sketch of the Analytical Engine invented by Charles Babbage by L.F. Menabrea of Turin, officer of the military engineers from the Bibliothèque Universelle de Genève, October, 1842, No. 82 with notes upon the memoir by the Translator Ada Augusta, Countess of Lovelace

Alan Turing, Computing machinery and Intelligence, Mind -10/1950