Nadia Magnenat ThalmannUne pionnière bien réelle

06-07.07.23

Aujourd'hui

Par Anne-Sylvie Weinmann, avocate et data scientist.


EPFL Polyrama – N°80 Spécial informatique | Novembre 1988 | Archive du Musée Bolo

Des étoiles et des ordinateurs

6-7 juillet, Genève accueille le sommet AI for Good. Une pionnière canado-suisse des humains virtuels et des robots sociaux, Nadia Magnenat Thalmann (1946), et Nadine, un robot social humanoïde avec un air de famille, participent à l’événement: « Nadine est quelqu’un qui a travaillé dans les maisons de retraite à Singapour, donc elle était capable d’interagir avec les gens, de comprendre leur histoire, de se souvenir de ce qu’ils disaient. C’est un peu le rôle des robots sociaux, ils sont dans différents endroits pour pouvoir aider les gens quand il n’y a personne » explique la fondatrice et directrice du MIRALab (UNIGE) au micro du 19h30 de la RTS (07/07/2023, 15:28).

« Comme il faut passer tellement d’heures pour travailler sur ces robots, je voulais avoir un air de famille. J’ai trois filles, alors Nadine est un mélange physique de mes trois filles et de moi-même » expliquait la professeure Magnenat Thalmann en 2018 | © Nadia Magnenat Thalmann

En 1987 déjà, la professeure Thalmann, et son époux le professeur Daniel Thalmann (EPFL), réussissent le tour de force de réunir virtuellement dans Rendez-vous in Montreal les légendaires Marilyn Monroe et Humphrey Bogart. Simulation d’étoiles hollywoodiennes en 3D avec des VAX.

Rendez-vous In Montreal, ou quand l’animation par ordinateur rattrape les rendez-vous manqués. A découvrir également, les coulisses du film dans le passionnant Making of de Rendez-vous in Montreal | © Nadia et Daniel Thalmann

Autre simulation stellaire, d’un genre bien différent, celle de l’énergie des étoiles (fusion) en physique des plasmas avec des superordinateurs Cray installés à l’EPFL dès 1986. Quoique moins connues, mais tout aussi brillantes, les Cray ont également leurs étoiles artistiques! The Last Starfighter (1984): « Premier film à faire le pari d’utiliser de l’image de synthèse pour remplacer les maquettes et autres effets traditionnels. Au début avec un Cray-1S puis avec un Cray X-MP » explique Thomas Martin, spécialiste des origines de l’image de synthèse au cinéma, de passage au Musée Bolo pour voir de près des superordinateurs similaires à ceux qui ont contribué à la réalisation de ce film avant-gardiste. Vous pourrez les retrouver à la fin de l’été dans THE LAST STARFIGHTER (Digital Pioneers – Part 2). D’avance un grand Merci à Thomas Martin pour sa visite, et d’évoquer également quelques œuvres de ces géants au design unique moins connues que le traditionnel calcul scientifique.

1988, le CERN reçoit le Cray X-MP/48, désormais retraité au Musée Bolo, mais autrefois dans ses atours bleus et jaunes, star musicale avec Les Horribles Cernettes. 1992, Expo universelle de Séville. Le CERN y a un pavillon, le girls band s’y produit. Silvano de Gennaro, Mr Cray au CERN, époux d’une membre du quatuor qui chante la science et manager des LHC « prépare un CD avec le clip et la musique de Collider, leur tube de l’époque ». Le créateur du WWW (1990), « Tim Berners-Lee passait par là et a vu la photo de la pochette sur mon ordinateur, se souvient-il. Il m’a dit: « Oh, les Cernettes! Mettons-les sur le web! ». Le premier groupe au monde à posséder une adresse web débutant par WWW n’étaient pas les légendaires Guns N’Roses, Phil Collins, Tina Turner, Scorpions présents à Séville, mais les quatre passionnées de musique et de science d’un High Energy Rock Band suisse! La couverture de l’album, un téléchargement presque subversif sur un web encore très scientifique, le premier cliché non scientifique à être publié sur la Toile, lit-on dans Le Temps.

Les Cray-1S/2300, Cray X-MP/48 et d’autres modèles sont à découvrir dans la nouvelle exposition temporaire: « Seymour Cray, le Superman des superordinateurs » à l’occasion d’une visite libre ou guidée ainsi qu’en mots et en photos sur Mémoires vives.